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La Galerie de l'Histoire
30 juin 2017

De la République impériale au Second Empire (1848-1852)

  • Les élections présidentielles du 10 décembre 1848

Elections du 10 décembre 1848 passionne les foules

C'est la seule et dernière fois dans l'histoire de leur pays où les Français furent amenés à choisir leur chef de l'Etat au suffrage universel direct avant l'élection présidentielle de 1965.

Quatre candidats se présentèrent :

Alexandre Ledru-Rollin, avocat, pour les radicaux ;

François-Vincent Raspail, botaniste, pour les socialistes ;

Le général Eugène Cavaignac, candidat des modérés;

Enfin, un parfait inconnu en politique qui ne se recommandait d'aucune étiquette ni d'aucun parti mais dont le nom à lui seul résumait tout son programme.

 

  • Louis-Napoléon Bonaparte :

Louis-Napoléon Bonaparte en 1848

Ce fils de l'ancien roi de Hollande, Louis Bonaparte et d'Hortense de Beauharnais, se présentait comme le neveu de l'ancien empereur Napoléon Ier. 

Par deux fois, en 1836 et 1840, il avait tenté de s'emparer du pouvoir par la force ; emprisonné au fort de Ham, en Picardie, il s'en évada qu'en 1846 pour se réfugier en Angleterre. Il ne revint en France qu'à la faveur de la Révolution de février 1848. Ses partisans firent alors une propagande active sur son nom à destination des bourgeois et des ouvriers et fut élu député dans la nouvelle Assemblée Constituante. Puis il se porta naturellement candidat à la présidence de la République.

Quels étaient ses atouts ? La légende napoléonienne, bien évidemment, toujours vivace et très populaire auprès des classes rurales. Pour attirer à lui le vote des catholiques, il leur promit de rétablir l'autorité du Pape à Rome. Enfin, il fit aussi de nombreuses promesses concernant la liberté de l'enseignement, ce qui plut beaucoup aux bourgeois les plus libéraux.

Le 10 décembre 1848, jour du scrutin, il écrasa ses adversaires avec plus de 5 millions de voix (71%) et devint le premier (et seul) président de la IIe République.

  • La présidence impériale (1848-1852) :

Sitôt élu, Louis-Napoléon Bonaparte prit pour ministres des hommes du parti de l'ordre, comme Odilon Barrot ou Alfred de Falloux.

L'Assemblée Constituante, ayant rempli son rôle, se sépara fin mai 1849 pour céder la place à une nouvelle Assemblée législative, élue par les citoyens.

Les républicains radicaux y comptaient seulement moins de 80 élus ; les socialistes étaient 180, ce qui alarma la bourgeoisie ; le parti de l'ordre formait toutefois la majorité avec 450 élus.

Journée du 13 juin 1849

Pendant un an, le Président et l'Assemblée furent unanimes pour combattre les radicaux et les socialistes. L'occasion leur en fut fournie le 13 juin 1849, lors d'une tentative de soulèvement organisée à Paris. Organisée par Ledru-Rollin et ses acolytes, elle avait pour prétexte une protestation contre l'envoi d'un corps expéditionnaire français à Rome afin de rétablir le Pape dans ses Etats. L'entreprise des émeutiers échoua piteusement ; une trentaine de députés contestataires furent mis aux arrêts.

Pour éviter à l'avenir ce genre d'incidents, de nouvelles lois furent votées afin de mieux surveiller la presser et d'interdire les regroupements politiques. Pour les justifier, le président Louis-Napoléon déclara : "Il est temps que les bons se rassemblent et que les méchants tremblent."

L'année suivante, l'Assemblée vota encore deux mesures importantes : la loi Falloux et la loi électorale du 31 mai.

  • La loi Falloux

Alfred de Falloux

C'était une promesse de campagne de Louis-Napoléon Bonaparte quand il était candidat. La loi scolaire relative à la liberté de l'enseignement fut portée par le ministre de l'Instruction publique, Alfred de Falloux

Le monopole universitaire, établi par Napoléon Ier, fut supprimé et les congrégations religieuses obtinrent de plus larges possibilités pour ouvrir leurs établissements scolaires et recevoir des subventions publiques.

Le clergé avait dorénavant un droit de contrôle sur les écoles publiques et les municipalités furent même autorisées à choisir un congréganiste comme instituteur dans une école primaire publique.

Cette loi ravit bien entendu les catholiques mais aussi quelques libres penseurs comme Adolphe Thiers, qui y voyaient une excellente "mesure de sécurité" contre la diffusion de la propagande insidieuse des radicaux et des socialistes.

Les écoles libres congréganistes se développèrent en toute liberté. La loi Falloux marqua le triomphe de l'Eglise catholique et suscita l'irritation des anticléricaux ; dorénavant, la question scolaire passa au premier plan dans la lutte entre partisans et adversaires de la laïcité jusqu'en 1905.

  • La loi électorale du 31 mai 1850

Au mois d'avril 1850, des élections partielles organisées à Paris furent favorables aux socialistes. Ce qui causa une véritable panique dans les rangs du parti de l'ordre. Il fallait trouver un moyen d' "épurer le suffrage universel" mais sans violer la Constitution qui le garantissait. Une loi électorale fut donc votée le 31 mai 1850. Désormais, pour pouvoir être électeur, il fallait justifier d'un domicile fixe pendant au moins trois ans dans le même canton et n'avoir subi aucune condamnation, même pour un délit d'ordre politique.

Beaucoup d'ouvriers à cette époque se déplaçaient de ville en ville pour chercher du travail ; du coup, c'étaient près de trois millions de Français qui se trouvaient ainsi privés du droit de vote.

  • Le conflit entre le Président de la République et l'Assemblée

Louis-Napoléon BONAPARTE (Prince-Président)

Louis-Napoléon Bonaparte avait su conserver sa popularité par des déplacements en province à la rencontre des Français ou par des revues de troupes afin de conserver l'estime de l'Armée. Mais, de par la Constitution, il lui était interdit de se représenter pour un second mandat consécutif. 

Il proposa donc à l'Assemblée de réviser la Constitution. Mais les députés monarchistes qui, rassemblés autour de Thiers, songeaient à restaurer le trône en faveur des Orléans, refusèrent. 

Dès lors, pour le Président, il n'y avait plus d'autre alternative, s'il voulait pouvoir se représenter mais, plus encore, sauver le régime d'un éventuel complot monarchiste, d'organiser un coup de force institutionnel avec le soutien du peuple.

Entre le Président et l'Assemblée, une épreuve de force était engagée.

  • Le coup d'Etat du 2 décembre 1851

Louis-Napoléon revint devant l'Assemblée pour lui demander, au moins, d'abroger la loi électorale de 1850 et rétablir le suffrage universel dans son intégralité. Il essuya un nouveau refus. Dès lors, l'Assemblée se discrédita totalement aux yeux de l'opinion et Louis-Napoléon, au contraire, y conforta sa popularité.

Dès lors, Louis-Napoléon s'employa à placer des hommes à lui aux postes-clef de l'Etat. Le général Nicolas Changarnier, qui ne cachait pas ses sympathies monarchistes, fut révoqué de son poste de commandant de la place militaire de Paris et remplacé par le général Magnan. De même, le général Armand de Saint-Arnaud fut nommé ministre de la Guerre.

Charlemagne-Emile de Maupas, ancien préfet de Haute-Garonne, fut promut à la préfecture de Police de Paris.

Tout était pret pour le "grand jour".

2 décembre 1851

Ce jour fut fixé au 2 décembre, date anniversaire la bataille d'Austerlitz. 

Charles de Morny, demi-frère du Président, à peine nommé ministre de l'Intérieur et Victor de Persigny, ami de longue date, furent les co-organisateurs de l'opération.

Tôt le matin, Thiers, Cavaignac et quelques autres députés monarchistes, furent mis en état d'arrestation à leur domicile. En même temps, la troupe investit la Chambre. Deux décrets présidentiels, imprimés pendant la nuit, furent placardés sur les murs de Paris : l'un annonçant la dissolution de l'Assemblée et le rétablissement du suffrage universel dans son intégralité ; l'autre invitait le peuple à se prononcer par plébiscite afin d'accorder au Président les pouvoirs nécessaires à l'établissement d'une nouvelle Constitution.

Une poignée de députés monarchistes, non impliqués dans le complot, tentèrent vainement d'organiser une résistance légale en prononçant la déchéance du Président mais ils furent vite arrêtés.

Coup d'Etat du 2 décembre

Au soir du 2 décembre, tout était terminé ; pas un coup de feu ne fut tiré et pas une goutte de sang n'eût été versée.

Le lendemain, un groupe de députés républicains, autour de Victor Hugo, Victor Schoelcher et Alphonse Baudin, tentèrent de soulever les ouvriers. Quelques barricades furent érigées au cours de la nuit mais furent facilement emportées par la troupe dans la journée du 4 décembre.

L'épisode le plus marquant fut une fusillade qui éclata sur les boulevards : les soldats, nerveux, se sentant menacés, ouvrirent le feu au hasard sur la foule, faisant plusieurs victimes parmi les promeneurs et les badauds.

Mais d'une manière générale, les Parisiens avaient montré leur totale indifférence à l'égard de l'événement.

En revanche, dans une quinzaine de départements marqués à gauche, des soulèvements républicains eurent lieu auxquels se joignirent des paysans en armes. Les autorités furent assez promptes à réagir pour maintenir l'ordre et l'Etat put ainsi se poser, aux yeux de la bourgeoisie locale, en sauveur de la paix publique menacée par une "jacquerie".

32 départements furent placés en état de siège. Sur 27 000 arrestations, 15 000 personnes furent condamnées pour la plupart à la déportation en Algérie ou à Cayenne. Une soixantaine de députés, dont Victor Hugo, furent bannis de France "pour raison de sûreté générale".

Plébiscite

Au plébiscite du 21 décembre 1851, le peuple français approuva l'action de son Président avec plus de 7 millions de voix favorables contre 650 000 non. 

Dès lors, la nouvelle Constitution fut promulguée en janvier 1852. Le Président était dorénavant élu pour une période de 10 ans au suffrage universel et avait tout pouvoir exécutif. Il avait aussi l'initiative des lois et les faisait rédiger par le Conseil d'Etat dont les membres étaient nommés par lui.

Les députés du Corps législatif étaient toujours élus au suffrage universel pour une période de 6 ans mais leur rôle était amoindri. Ils devaient se contenter désormais d'approuver ou de rejeter les projets de loi qui lui étaient soumis. Ils n'avaient pas la possibilité d'exercer un quelconque contrôle sur les ministres ni de les interpeller et ne pouvaient pas renverser le gouvernement.

Le Sénat ressemblait à ce qu'était la Chambre des Pairs sous la Restauration : il était composé d'amiraux, de maréchaux, de cardinaux et d'autres personnalités choisis et nommés à vie par le Président. 

La Constitution de 1852 établissait un régime présidentiel préfigurant la "monarchie républicaine" actuelle.

  • La proclamation de l'Empire

Proclamation de l'Empire

Les affaires reprirent, prélude à un essor économique qui allait marquer le nouveau régime. La France entière ne demandait alors qu'à s'abandonner entre les bras de son sauveur. Le rétablissement de l'Empire fut la conséquence de cet état d'esprit.

A la suite d'un voyage en province, le Président avait été acclamé aux cris de : "Vive l'Empereur !" ; le Sénat soumit à un plébiscite le rétablissement de la dignité impériale en la personne de Louis-Napoléon. Organisé en novembre 1852, il donna 7 839 000 oui contre 253 000 non.

Napoléon III 2 décembre 1852

Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte fut officiellement proclamé Empereur héréditaire des Français et prit le nom de Napoléon III.

Un mois plus tard, en janvier 1853, il épousa une comtesse espagnole, Eugénie de Montijo, dont le père avait servi dans les rangs de la Grande Armée.

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