Etat de la France en 1814

En 1814, la France était frappée par une crise économique intense. Tous les traitements avaient été frappés d'impôt de 25% ; les affaires étaient arrêtées ; les rentes avaient chuté de moitié.

La bourgeoisie tenait rancune à l'Empereur d'avoir prorogé le Corps législatif. Les royalistes, pendant ce temps-là, attendaient les Alliés comme des libérateurs et promettaient aux populations rurales qu'avec le retour à la paix la conscription serait abolie.

Des bandes de paysans armés avaient pris les armes dans le Midi et dans l'Ouest de la France ; le mécontentement gagnait même les faubourgs de la capitale. Ce qui fit dire à Talleyrand que c'était "le commencement de la fin".

La masse du peuple était lasse, mais résignée et de l'automne 1813 à mars 1814, tout en protestant contre la conscription, elle donna encore, malgré son épuisement, 300 000 soldats et 50 000 gardes nationaux. Et Napoléon sut tirer davantage de ces nouvelles recrues mal dégrossies et des débris de sa Grande Armée vaincue à Leipzig.

Début février 1814, il remporta d'importants succès ; en outre, les violences commises par les Alliés produisirent un revirement dans l'opinion. Après Champaubert, Paris recommença à s'amuser. D'autre part, les départements envahis étaient désolés par les réquisitions, les pillages, les viols, les meurtres et les incendies. Même les officiers alliés s'en offusquèrent :

"Je croyais avoir l'honneur de commander un corps d'armée, racontait le général prussien York à ses brigadiers, je ne commandais qu'une bande de brigands !"

Et dans cette oeuvre de sauvagerie, les Cosaques se distinguèrent tout particulièrement : les sens brouillés par l'alcool, ils cassaient tout pour le plaisir de détruire, mettaient le feu aux villages, torturaient les habitants.

Ces violences amenèrent, dans certaines régions, notamment en Lorraine et en Champagne, des bandes de paysans à s'armer pour surprendre les détachements. Ce fut une "Vendée nationale" dont l'explosion effrayait les Alliés.