Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Galerie de l'Histoire
23 juin 2017

L'insurrection vendéenne de 1793 : quelle interprétation ?

 

FUSILLADE VENDEE

Depuis le Bicentenaire de la Révolution française, célébré en 1989, nombre d'articles et d'ouvrages furent publiés sur le thème des guerres de Vendée, relançant un vieux débat jamais tranché entre historiens : génocide ou pas ?

Pour les historiens Pierre Chaunu et Raynald Sécher, cela ne fait aucun doute et ils n'hésitent pas à parler d'un génocide franco-français.

Le terme est toutefois contesté par François Lebrun qui préfère faire le point sur une "atroce guerre civile" et notamment du "ratissage systématique" opéré de janvier à mai 1794 par les colonnes infernales du général Turreau. (Revue L'Histoire, 1986)

Quant aux origines du soulèvement, pour les uns il s'agit d'un complot et pour les autres d'un soulèvement spontané. Ainsi, pour l'historien républicain Jules Michelet, les guerres de Vendée furent le fruit d'une "terreur ecclésiastique" : c'est le prêtre qui aurait tenté d'endigueur le mouvement révolutionnaire en dressant la femme contre son mari ; la "machine" républicaine aurait été alors contrainte d'organiser la Terreur pour vaincre la Terreur ecclésiastique.

Le général Turreau, lui, évoque clairement un complot. Il n'est pas possible, pour lui, que 300 000 insurgés du Bas-Poitou puissent obtenir d'aussi rapides succès sans un plan décidé par avance. L'attitude des prêtres, des nobles, des habitants furent les causes originelles de l'insurrection. Il n'y voit qu'un rameau local d'une vaste conspiration contre la République.

Pas de complot, répond la marquise de La Rochejaquelein dans ses mémoires, il s'agit seulement d'une guerre de paysans blessés dans leur âme ; des paysans qui se sont révoltés, ont pris pour chefs des hommes en qui ils avaient mis toute leur confiance et leur affection. Nobles et prêtres, proscrits et persécutés, ont marché avec les paysans. Mais une poignée de pauvres gens ne pouvait espérer vaincre les forces de la France entière et d'ailleurs, ils ne se faisaient pas d'illusion sur ce point : ils se sont battus pour leurs opinions, par sentiment et non par calcul politique. Ils n'avaient ni but ni espoir. Toutefois, les premiers succès dépassèrent toutes leurs attentes. Pas de plan, pas de complot, c'est tout un peuple qui s'est levé comme un seul homme pour défendre ce qu'il avait de plus précieux : sa foi et sa liberté de conscience.

THE VENDEE

En 1970, un historien américain, Charles Tilly, publia un ouvrage très intéressant sur le sujet intitulée : "The Vendée".

Il eut l'idée originale de passer au crible cette insurrection selon une approche à la fois économique et sociale. Il y voit un conflit opposant le bourgeois au paysan. Le bourgeois, c'est le "nouveau maître", celui a remplacé le seigneur local ; il est le propriétaire, "l'étranger" qui se faufile dans la paroisse et y rachète à  vil prix des biens nationaux. Le bourgeois, c'est "l'intrus", le garde national, arrogant, brutal, le juge, le percepteur, le maire, l'administrateur du District. Le bourgeois, c'est le riche citadin qui focalise toutes les haines.Il est l'ennemi.

Pour les insurgés, la haine du bourgeois fut un facteur aussi puissant que la foi religieuse.

L'or anglais ? Ce fut seulement à partir de 1795 que l'Angleterre daigna se soucier de la Vendée.

Des complots nobliaires ? La noblesse s'était effectivement préparée dans l'ombre, ravie de l'aubaine de "récupérer" le mouvement populaire dans un sens contre-révolutionnaire déviant des buts des rebelles. Les premiers chefs de l'insurrection furent des roturiers ; ils sollicitèrent l'aide des nobles, réflexe traditionnel du recours au seigneur-soldat (ici seigneur-protecteur).

 

 

 

Publicité
Commentaires
La Galerie de l'Histoire
Publicité
Archives
Publicité