Napoléon Bonaparte ou le redressement autoritaire de la France

Quand Bonaparte prit au pouvoir, à l'issue d'un coup d'Etat le 12 novembre 1799, il trouva une France profondément bouleversée, divisée, affectée par plus de dix ans d'orage révolutionnaire. Militaire, il fut porté au pouvoir par des civils parce qu'il incarnait l'ordre et le compromis. Il était à la fois un hobereau, de par ses origines et aussi républicain. A lui seul, il représentait l'ancien comme le nouveau régime.

Napoléon donnait ainsi l'image d'un personnage rassembleur, placé au-dessus de tous les partis et seul apte à assurer la paix aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières.

Les Français, lassés des horreurs de la guerre civile, des incertitudes de l'instabilité politique, de l'impuissance manifeste des gouvernements, se tournèrent en masse vers un sauveur unique capable de les ramnener vers un état d'ordre et de sécurité auquel ils aspiraient plus que tout.

Voilà pourquoi Napoléon a pu réussi dans son oeuvre réformatrice là où le marquis de La Fayette ou Barras avaient échoué, là où même la Révolution avait capitulé.

Napoléon rétablit, à son profit, la monarchie héréditaire, seule garante, à ses yeux, comme aux yeux de la bourgeoisie qui le soutenait, d'une plus grande stabilité dans le pays. Mais une monarchie transformée, réformée, plus en phase avec les idées de son temps.

• Entre République et absolutisme, l'Etat napoléonien

La première chose que fit Bonaparte en accèdant au pouvoir fut d'instaurer une nouvelle Constitution. Celle-ci, républicaine dans son esprit, reposait sur la souveraineté populaire et le suffrage universel.

Toutefois, l'Etat napoléonien fut centralisateur à l'extrême. C'était le gouvernement qui désignait les représentaux locaux et nationaux sur des listes élues par les citoyens. Cependant, gardons bien à l'esprit le contexte de la France d'alors, en pleine tourmente révolutionnaire depuis 1793 et déchirée par six années de guerre civile. Aussi, l'Etat napoléonien entendait donner des gages de stabilité aux Français en leur désignant notamment des candidats pour les élections locales et nationales.

• Le "système" Bonaparte

C'était le chef de l'Etat - Premier Consul ou Empereur - qui détenait les clefs du pouvoir. Il désignait ministres et fonctionnaires, de même il avait l'initiative des lois et pour cela, il était assisté d'un Conseil d'Etat.

Le Conseil législatif et le Tribunat - qui sera supprimé en 1807 - pouvaient discuter lois mais n'avaient pas le droit de les amender. Leur rôle se bornait à ratifier les projets gouvernementaux. Le Sénat était le gardien de la Constitution.

La nouvelle Constitution fut approuvée par une large majorité d'électeurs par plébiscite. Les Français, lassés du chaos, voulaient revenir au calme aussi n'étaient-ils pas si regardant sur les quelques entorses aux grands principes de 1789.