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La Galerie de l'Histoire
4 juillet 2017

Les derniers instants du roi Louis XV

Comtesse du Barry

La comtesse du Barry, dernière favorite du roi Louis XV, avait en ce début du mois de mai 1774, donné à son royal amant deux médecins, Lorry et Bordeu, chargés de lui cacher la nature de la maladie dont il souffrait et de lui taire sa situation réelle pour écarter les prêtres et prévenir un congé humiliant.

Germain Pichault de La Martinière

Mais le premier chirurgien du Roi, Germain Pichault de La Martinière, qui était du parti de Choiseul et à qui on avait osé refuser des entrées, offensé du reste de la confiance accordée à Lorry et à Bordeu, ne cacha point au Roi la nature ni le danger de sa maladie. Il répondit franchement à ses demandes, sur la nature de ses pustules qui se multipliaient de toutes parts d'une manière effrayante : "Sire, ces boutons sont trois jours à se former, trois jours à suppurer et trois jours à sécher".

 

Le Roi, convaincu de la gravité de sa maladie, fit appeler la comtesse du Barry et lui dit :

"Ma mie, j'ai la petite vérole et mon mal est très-contagieux à cause de mon âge et de mes autres maladies. Je ne dois pas oublier que je suis le Roi très-chrétien et le fils aîné de l'Eglise. J'ai 64 ans et le temps approche où il faudra peut-être nous séparer. Je veux prévenir une scène semblable à celle de Metz. Avertissez le duc d'Aiguillon de ce que je vous dis afin qu'il s'arrange avec vous, si ma maladie empire, pour nous séparer sans éclat."

Le jansénisme et le parti de Choiseul triomphaient de la nullité de l'archevêque de Paris. Ils firent courir le bruit absurde que M. d'Aiguillon et M. l'archevêque de Paris avaient résolu de laisser mourir le Roi sans sacrements pour ne pas déranger la Du Barry.

Beaumont, tourmenté par leurs critiques, prit le parti d'aller s'établir à Versailles dans sa maison des Lazaristes, pour en imposer au public, profiter du dernier moment du Roi et sacrifier madame du Berry, lorsque le Roi serait dans un état désespéré.

Il arriva le 3 mai 1774 à Versailles mais sans voir le Roi.

Ce prélât n'avait plus cette impétuosité de zèle jadis connue ni son ancien ton de mépris de toute politesse et des formes les plus usitées de la bonne société lorsqu'il s'agissait de remplir ses devoirs. Il n'avait pour but que de soumettre dans ces circonstances les ennemis de son parti et de soutenir jusqu'à la dernière extrêmité la favorite qui lui avait servi à les dompter.

Armand Bazin de Bezons, évêque de Carcassonne

Charles-Antoine de La Roche-Aymon

Un zèle contraire animait l'évêque de Carcassonne, Armand Bazin de Bezons, aux prises avec le cardinal Charles-Antoine de la Roche-Aymon. Un esprit de complaisance avait élevé ce dernier à des dignités et à des plaies à la cour. Moins religieux que courtisan, il pensait, avec les Richelieu et la favorite, qu'on ne devait pas effrayer le monarque par aucun propos relatif à l'administration des sacrements. Il disait, comme eux, que la seule annonce des sacrements pouvait faire sur l'esprit du Roi des impressions très dangereuses.

L'évêque de Carcassonne voulait au contraire "que le Roi fut administré, la concubine expulsée et que le Roi donnât un exemple de repentir à la France et à l'Europe chrétienne qu'il avait scandalisées."

- De quel droit me donnez-vous des avis ? s'indigna le cardinal.

- Voilà mon droit, lui répliqua l'évêque en détachant sa croix pastorale ; apprenez, Monseigneur, à respecter ce droit et ne laissez pas mourir votre Roi sans les sacrements de l'Eglise dont le Roi très-chrétien est le fils aîné

Le duc d'Aiguillon et l'archevêque de Paris, témoins de cet échange, jugèrent à propos de le terminer. D'Aiguillon alla prendre les ordres du Roi concernant madame du Barry.

- Il faut la mener sans bruit à une campagne de Ruelle, lui dit Louis XV ; je saurais gré à madame d'Aiguillon des soins qu'elle prendra pour elle.

La comtesse du Barry vit encore le Roi un court instant le 4 mai 1774 au soir, lui promit de revenir à la cour dès sa convalescence. Madame d'Aiguillon la mit dans son carrosse avec mademoiselle du Barry et madame de Serre et l'emmena à Ruelle pour attendre l'évènement. A peine fut-elle sortie que le Roi la demanda ... "Elle est partie", lui répondit-on. Dès ce moment, la maladie empira ; il se crut mort sans ressources.

Mort de Louis XV

Les journées des 5 et 6 mai se passèrent sans qu'on osât parler de confession, de viatique ou d'extrême-onction. Le duc de Fronsac menaça même le curé de Versailles de le jeter par la fenêtre s'il osait en prononcer les mots.

Le 7 mai, vers 3 heures du matin, le Roi demanda "impérieusement" à voir l'abbé Maudoux. La confession dura plus d'un quart-d'heure. Les ducs de La Vallière et d'Aiguillon étaient d'accord pour retarder le viatique ; mais la Martinière, pour consommer l'expulsion de la Du Barry, dit au Roi ces paroles : "Sire, j'ai vu Votre Majesté dans des circonstances bien intéressantes mais jamais je ne l'ai admirée comme aujourd'hui. Si elle me croit, elle achèvera la suite de ce qu'elle a si bien commencé."

Le Roi fit rappeler Maudoux qui lui donna l'absolution.

Quant à la réparation éclatante que souhaitait le parti de Choiseul afin d'humilier et d'anéantir avec solennité madame du Barry, il n'en fut plus question.

Le grand-aumônier, de concert avec l'archevêque de Paris, avait composé une formule qui fut ainsi proclamée en présence du viatique : "Quoique le Roi ne doive compte de sa conduite qu'à Dieu seul, il déclare qu'il se repent d'avoir causé du scandale à ses sujets et qu'il ne désire vivre que pour le soutien de la religion et le bonheur du peuple."

On multiplia ensuite les descentes et les ouvertures de la châsse de Sainte-Geneviève pour obtenir sa guérison.

Dans les journées des 8 et 9 mai, la maladie empira ; le Roi vit tomber de toutes parts son corps en lambeaux et en pourriture. Délaissé de ses amis et de cette foule de courtisans qui avaient si longtemps rampé devant lui, la piété de ses filles fut la seule image consolante qui s'offrit à lui.

10 mai 1774 - Avènement de Louis XVI

Le 10 mai 1774, lorsque le Roi exhala son ultime soupir, tous les grands qui se trouvaient encore auprès de lui ne purent, comme le voulait l'usage, approcher le nouveau souverain à cause de la contagion et se firent seulement annoncer par écrit. 

Le duc de La Vrillière se rendit auprès de la nouvelle Reine mais il ne put l'approcher, cette princesse ayant déjà contracté la petite vérole ; il lui demanda les ordres de Sa Majesté ou ceux que le Roi voudrait lui donner pour elle. Marie-Antoinette répondit qu'elle n'en avait aucun à lui intimer, ni de son chef ni de celui de son auguste époux.

Louis XVI monta en carrosse sur-le-champ et tout le monde cria à son passage : "Vive le Roi !"

Toute la cour se rendit alors au château de Choisy.

 

 

 

 

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