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La Galerie de l'Histoire
4 juillet 2017

La Prise de la Bastille

Prise de la Bastille

Le 11 juillet 1789, Jacques Necker, qui avait blamé la politique de résistance, reçut un billet par lequel le roi, cédant aux avis de Marie-Antoinette et du comte d'Artois, lui demandait sa démission. Necker partit secrètement pour Bruxelles pendant que le vieux maréchal de Broglie, âgé de 71 ans, était appelé au ministère de la Guerre. La nouvelle du renvoi de Necker provoqua une vive émotion dans le peuple, ce qui obligea les théâtres à fermer. Le lendemain, qui était un dimanche, le Palais-Royal fut alors le point de rendez-vous de pamphlétaires et des grandes gueules, les uns convaincus, les autres achetés, disait-on, par le duc d'Orléans.

Camille Desmoulins en 1789

C'est dans la cour de ce même Palais-Royal que, le 12 juillet 1789, un jeune avocat de 29 ans, Camille Desmoulins, qui s'était vainement présenté dans son bailliage de Laon lors des élections aux Etats généraux, monta sur une chaise et s'écria :

"Les amis, il n'y a pas un moment à perdre ; le renvoi de Necker est le tocsin d'une Sainte-Barthélémy des patriotes. Ce soir même les bataillons suisses et allemands sortiront du Champ-de-Mars pour nous égorger ! Il ne nous reste qu'une ressource, c'est de courir aux armes !"

Royal-Allemand à la charge

On arracha aussiôt les feuilles des marronniers pour s'en faire des cocardes : on pilla les boutiques des armuriers, on courut en tumulte chez le sculpteur Curtius où l'on s'empara des bustes de Necker et du duc d'Orléans, que l'on promena en effigies. Sur la place Vendôme on rencontra un détachement du Royal-Allemand dont son colonel, le prince de Lambesc, donna l'ordre de charger la foule dans le jardin des Tuileries.

Les Gardes-Françaises, quittant leurs casernes, chassèrent à coups de fusil les cavaliers dont quelques-uns furent tués ou blessés et occupèrent la place-Louis XV. Le baron de Besenval disposait aux Champs-Elysées de forces supérieures mais, n'ayant reçu ni ordres ni consignes, il se replia en bon ordre sur Versailles.

Le 13 juillet 1789, les insurgés s'organisèrent en comité qui ordonna la fabrication de 50 000 piques pour donner satisfaction à la foule laquelle continuait de réclamer des armes.

  • La prise de la Bastille

Le 14 juillet 1789, dès l'aube, un immense attroupement se porta à l'Hôtel-des-Invalides et malgré le gouverneur, le marquis de Sombreuil, il fut enlevé 28 000 fusils et 20 pièces de canon. On manquait toutefois de poudre et de munitions. On suggéra d'aller en chercher à la Bastille. La foule cria : "A la Bastille !" et tout le monde se porta, en masse, jusqu'à la Bastille.

Jourdan de Launay

Vers 10 heures du matin, le sieur Thurot se présenta presque seul à la porte de la forteresse."Au nom du peuple", il somma le gouverneur, Jourdan de Launay, de laisser libre l'accès à la forteresse. Sa réponse fut évasive, la gouverneur hésitait à résister aussi bien qu'à se rendre. La Bastille était défendue par 82 invalides, 32 Suisses et 13 pièces de canon.

Vers une heure de l'après-midi, la populace envahit la première cour et brisa à coups de hache les chaînes du pont-levis qui donnait accès à la seconde cour, celle où résidait le gouverneur. Une vive fusillade s'engagea sans que l'on sache de quel côté partirent les premiers coups et parmi les assaillants il y eut environ 200 tués ou blessés.

Prise de la Bastille (3)

Bientôt le feu fut mis à trois charettes de paille pour incendier les bâtiments qui masquaient la forteresse et la fumée empêcha la garnison de tirer. De Launay ne reçevant aucun secours, se précipita avec une mèche allumée vers les 250 barils de poudre amassés dans l'une des tours, bien résolu à faire sauter la Bastille ; mais deux sergents dissuadèrent à temps. Résigné, de Launay arbora son mouchoir en guise de drapeau blanc. Le pont-levis fut abaissé. Deux anciens soldats, Elie et Hulin, qui avaient conduit l'attaque, entrèrent dans la place, suivis de la foule et se dirigèrent aussitôt vers les cellules pour délivrer les prisonniers : ils n'en trouvèrent que sept...

Berbard-René de Launay, Gouverneur de la Bastille

La populace passa alors ses nerfs sur les défenseurs de la Bastille. Deux d'entre-eux, après avoir été roués de coups, furent pendus séance tenante. Quant au gouverneur de Launay, il fut pris au moment où il s'apprêtait à être conduit à l'Hôtel-de-Ville et malgré les efforts d'Elie et de Hulin, il fut décapité sur-le-champ par quelques furieux et sa tête plantée au bout d'une pique.

La rumeur se propagea que l'on avait trouvé dans la poche du gouverneur de Launay un billet émanant du prévôt des marchands Flesselles qui lui promettait des renforts. On entraîna Flesselles hors de l'Hôtel-de-Ville : "Traître, lui cria un inconnu, tu n'iras pas plus loin" et il le tua d'un coup de pistolet.

Pierre-François Palloy

Dès le lendemain, la démolition de la Bastille fut officiellement ordonnée. Les matériaux de démolition furent rachetés par un entrepreneur de travaux publics, Pierre-François Palloy, dit "le patriote Palloy", le même qui organisa la destruction de l'édifice et qui constitua, à l'aide des objets de toute nature trouvés dans la forteresse, un petit musée payant qu'il appela "Musée de la Liberté".

Quand la nouvelle de la prise de la Bastille parvint à Versailles, le duc de la Rochefoucauld de Liancourt, grand-maître de la Garde-Robe, vint réveiller le roi pour l'informer.

- C'est une émeute ?

- Non, sire, c'est une révolution...

Louis XVI s'habilla en toute hâte et courut presque, sans garde ni escorte, jusqu'à l'Assemblée nationale. Des applaudissements se firent entendre parmi les députés. "Attendez que le roi nous ait fait connaître ses intentions, leur cria Mirabeau ; Qu'un morne respect soit le premier accueil fait au monarque en ce moment de douleur. Le silence des peuples est la leçon des rois."

Louis XVI se présenta avec ses deux frères, annonça qu'il avait ordonné l'éloignement des troupes de Paris et demanda à l'Assemblée de l'assister à assurer le salut de l'Etat. Les députés conseillèrent au roi de venir à Paris pour sceller, par sa présence, la paix avec son peuple. Malgré l'effroi de la reine et de la Cour, Louis XVI promit de se rendre aux voeux des Parisiens.

La voûte d'acier

Chose promise, le roi arriva à Paris, le 17 juillet 1789, accompagné par 200 députés. Depuis la place-Louis XV jusqu'à l'Hôtel-de-Ville, il passa entre une double haie de 100 000 hommes, tous armés de fusils, de piques, de lances et de bâtons. Sylvain Bailly, maire de Paris et le marquis de La Fayette, commandant de la Garde Nationale, le reçurent très solenellement au bas des marches.

"Sire, lui dit Bailly, j'apporte à Votre Majesté les clefs de la bonne ville de Paris : ce sont les mêmes qui ont été apportées à Henri IV ; il avait reconquis son peuple ; ici le peuple a reconquis son Roi !"

Aux cris de "Vive le Roi !", des applaudissements retentirent lorsque Louis XVI accepta des mains de Bailly la cocarde tricolore. "Prenez-là, dit le marquis de La Fayette au roi, elle fera le tour du monde". Et les membres du corps de ville, tirant leur épée, formèrent une voûte d'acier sous laquelle passa Louis XVI.

 

 

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