Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Galerie de l'Histoire
28 juin 2017

La France Pompadour ou le règne du cotillon

Marquise de Pompadour (3)

Après la mort du cardinal Fleury (1743), Louis XV, systématiquement corrompu dans ses moeurs par ses courtisans, en particulier par le duc de Richelieu, inaugura le règne des favorites qui ne devait se clore qu'avec sa mort. Il distingua d'abord et successivement les quatres soeurs de la famille de Nesle, notamment la duchesse de Châteauroux, puis, après 1744, la célèbre marquise de Pompadour.

Jeanne-Antoinette Poisson naquit à Paris en 1721 ; elle était la fille naturelle d'un fermier général, Lenormant de Tournehem et la femme d'un munitionnaire aux armées, François Poisson, qui dut s'expatrier pendant huit ans à la suite d'une accusation de malversation portée contre les frères Pâris, banquiers, dont il était le commis et contre lui-même. Elle avait alors neuf ans et elle fut confiée aux bons soins des Ursulines de Poissy qui firent son éducation.

Plus tard, elle fut mariée à son cousin, le sieur Lenormant d'Etioles. Elle avait alors 20 ans et sa beauté blanche, son admirable chevelure châtain clair, sa physionomie mobile et expressive, son intelligence, sa conversation la firent paraître avec éclat dans le monde des financiers et des traitants. Le château d'Etioles, voisin de la forêt de Sénart, était situé sur le chemin qu'empruntait habituellement le roi lorsqu'il se rendait à la chasse.

Bal des Ifs (2)

Très vite, elle attira l'attention du souverain et celui-ci la retrouva à Versailles lors d'un bal costumé qui se tint au château de Versailles, le 22 février 1745 dans la galerie des Glaces, puis lors d'une soirée à l'Hôtel-de-Ville de Paris à l'occasion du mariage du Dauphin. Elle eut bientôt fait de gagner les sympathies du monarque.

Son mari, menacé d'être embastillé et exilé à Avignon, reçut finalement une compensation lucrative et se tint coi. Alors, selon l'expression employée par Frédéric II dans ses mémoires, commença en France le "règne du cotillon".

La favorite fut titrée marquise de Pompadour en 1745 et dame d'honneur de la reine en 1756.

Elle domina alors entièrement l'esprit du roi Louis XV, du moins tant que dura leur passion et même après lorsque leurs relations ne furent plus que cordiales. Elle l'amusait par son esprit, le conduisit dans de magnifiques châteaux qu'elle se fit construire ou aménager et s'efforçant de faire oublier les vilenies du Parc-aux-Cerfs.

Elle gouverna réellement la France pendant plus de vingt ans, ne laissant approcher du roi que ses créatures, choisissant les ministres, désignant les généraux et orientant même la diplomatie.

Marquise de Pompadour (2)

Cette petite bourgeoise coquette et parvenue avait en elle toutes les grâces, toutes les qualités, mais aussi toutes les faiblesses de la femme. L'orgueil avait été le principal ressort de sa conduite mais, une fois satisfaite, une fois installée à la Cour dans cette position de favorite, qui jusque-là avait été l'apanage de la noblesse, elle s'y montra pleine de tact et de mesure.

Elle n'avait pas une nature vile et vindicative ; elle écartait ses adversaires sans empoisonner leur disgrâce par des raffinements de dureté. Les frères Goncourt ont exagéré en la représentant comme "un rare exemple de laideur morale".

Celle que l'on appelait la "caillette du roi" ne fut jamais déplacée à Versailles : la fréquentation de la société de Mme Geoffrin, de Bernis, de Gontaut, l'avait familiarisée dans l'art de la conversation ; celle de Crébillon, de Voltaire, de Jélyotte, avait formé, sans toutefois lui donner ce talent, son goût littéraire et musical. Elle aima profondément les arts et les arts lui doivent beaucoup. Elle ne créa pas le style auquel on donne son nom mais elle refléta de la manière la plus heureuse l'évolution artistique de son temps dans les châteaux de Bellevue, Choisy, Menars, La Celle et Montretout où elle accumulait les meubles signées Boulle, les porcelaines de Sèvres, les bibelots de Chine. Elle fonda la manufacture de Sèvres et les écrivains, comme les artistes, trouvèrent auprès d'elle un important soutien.

Elle sut se maintenir à la Cour malgré les obstacles que rencontrèrent sa passion pour le roi, son orgueil, son ambition toujours vivace. Elle sut montrer à la reine une déférence qui la toucha et n'étaient ses dépenses scandaleuses alors que les finances publiques étaient en si fâcheux état, il faudrait, somme toute, la juger avec indulgence.

"Puisqu'il en fallait une, écrivit le Prince de Croÿ, on était plus content de celle-là que des autres, dont on aurait craint pis."

Le jour vint où elle ne fut plus que l'amie et la conseillère du roi ; elle joua alors un rôle tout nouveau et prit un maintien grave en affectant les apparences de la dévotion.

Elle mourut en avril 1764 des suites d'une tuberculose à l'âge de 43 ans. Son corps fut transporté du château de Versailles à son hôtel parisien situé rue des Réservoirs et le surlendemain, à l'église Notre-Dame. Après l'absoute, par un orage épouvantable accompagné d'un vent terrible, le cortège se mit en marche vers Paris où Mme de Pompadour avait demandé à être enterrée. Lorsque le convoi arriva sur la place d'Armes, en face des fenêtres du château, le roi, malgré les bourrasques, se tint sur un balcon pour voir passer le cortège ; il le suivit des yeux silencieusement jusqu'à ce qu'il l'eût perdu de vue et en larmes, dit à son premier valet de chambre, Champlast : "Voilà les seuls devoirs que j'ai pu lui rendre".

 

Publicité
Commentaires
La Galerie de l'Histoire
Publicité
Archives
Publicité