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La Galerie de l'Histoire
23 juin 2017

La France mazariniste (1648-1661)

Mazarin

Dans son testament, le roi Louis XIII avait confié la régence à son épouse, Anne d'Autriche. Toutefois, cette dernière ne possédait pas les pleins pouvoirs, il lui fallait prendre l'avis de certains conseillers. Mais Anne d'Autriche, qui était femme de caractère, refusa d'accepter une telle clause misogyne qui la mettait en situation d'infériorité ; elle fit casser le testament par le Parlement de Paris qui accorda à la souveraine la régence pleine et entière.

Elle renvoya alors tous les conseillers mais n'en conserva qu'un : le cardinal Mazarin.

  • Qui est Mazarin ?

D'origine italienne, Giulio Mazarini avait débuté sa carrière au service du Pape. Remarqué par Richelieu qui appréciait son esprit souple et son habileté diplomatique naturelle, celui-ci le prit à son service en 1636 et le fit naturaliser Français. Désireux de voir son poulain lui succéder, Richelieu parvint à lui obtenir la barrette de cardinal et le faire entrer au grand conseil du Roi.

Tout en servant Richelieu et la France, Mazarin s'était acquis les bonnes grâces de la Reine qui avait une entière confiance en lui. Aussi, il était normal, qu'une fois parvenue à la régence, celle-ci lui accorda tout naturellement la direction des affaires.

Et voilà comment, de 1643 jusqu'à sa mort, en 1661, le cardinal Mazarin dirigea le gouvernement de la France, prenant toutes les décisions.

Contrairement à son prédécesseur, Richelieu, qui s'était particulièrement distingué par sa dureté et son autoritarisme, Mazarin, au contraire, préféra jouer la carte de la finesse, de la souplesse et de la mansuétude. Et Dieu seul s'il en eut besoin pour restaurer l'ordre dans le royaume de France !

  • Les premières difficultés du "règne" de Mazarin 

La tâche qui attendait le cardinal-ministre était immense. A sa prise de fonctions, il trouva la situation politique et financière du pays dans un état déplorable. Des émeutes éclataient un peu partout, les caisses du Trésor étaient vides et il fallait poursuivre la guerre en Europe. Sans scrupules ni remords, Mazarin usa donc de quelques expédients : création de nouveaux offices, emprunts forcés et taxes à foison.

C'est ce qui lui valut de devenir la tête de turc du bas-peuple de Paris. 

Et comme un malheur n'arrive jamais seul, à cette situation catastrophique s'ajoutait une grave crise économique qui ruinait le commerce et jetait des milliers d'ouvriers à la rue. Mais, même dans cette situation explosive, la populace n'aurait sans doute pas bougé s'il n'avait pas été incité à le faire par la nouvelle élite bourgeoise de cette époque et qui entendait profiter du contexte orageux pour assoir sa puissance.

  • L'irrésistible ascension de la noblesse de robe

Noblesse de Robe

Depuis la fin du XVe siècle, cette partie de la bourgeoisie avait vu son rôle grandir au sein de la société. L'exercice des charges financières et juridiques lui avait ouvert les portes de la noblesse et lorsque les offices devinrent héréditaires, il se constitua de grandes "dynasties" de magistrats, tels les Molé, les Harlay ou les Séguier.

En outre, cette noblesse de robe agrandissait ses domaines en rachetant les terres que la noblesse dite d'épée, traditionnelle, bien souvent endettée, vendait à vil prix. Ainsi, tous ces nouveaux nobles parvenus se constituaient d'immenses fortunes en tirant des revenus considérables de la vente de leurs récoltes. Tout cela leur permit de s'acheter des hôtels particuliers en ville où ils préféraient résider et y mener un train de vie des plus fastueux au plus près du pouvoir.

Le premier président du Parlement de Paris était devenu l'un des plus hauts personnages de l'Etat.

  • La puissance du Parlement de Paris

Officiellement, le Parlement de Paris n'était rien d'autre qu'une cour de justice mais il bénéficiait d'un droit de remontrances, ce qui constituait à ses yeux un prétexte viable pour débattre des affaires de l'Etat. D'ailleurs, à ce titre, n'avait-il pas cassé le testament de Louis XIII ?

L'orgueil de ces magistrats était tel qu'ils se considéraient comme les seuls représentants de la nation quand les Etats généraux ne siégeaient pas. Depuis 1643 d'ailleurs, ils n'arrêtaient pas de multiplier les remontrances. Aussi, lorsque Mazarin eut recours à un énième expédient pour trouver de l'argent, les magistrats estimèrent que c'était assez et ils entrèrent en rébellion ouverte contre le cardinal. Leur exemple fut aussitôt imité par d'autres magistrats en province, entraînant le peuple dans leur révolte.

En fait, les magistrats, sous couvert de défendre les intérêts du peuple, entendaient surtout défendre leurs propres privilèges. En effet, Mazarin, en renouvelant l'édit de la Paulette en 1648, exigeait qu'en contrepartie les officiers des cours de justice établies à Paris ne reçoivent plus aucun gage pendant quatre ans. Les officiers protestèrent. Par solidarité corporative, les magistrats du Parlement se joignirent au mouvement. Et la régente eut beau jeu d'interdire formellement au Parlement de se réunir, celui-ci s'assembla quand même pour discuter de la "réformation du royaume".

Les magistrats votèrent une déclaration qui limitait le pouvoir royal. Elle stipulait que les intendants seraient supprimés et que plus aucun impôt ni aucun autre office ne serait créé sans l'accord du Parlement et que, selon le principe de l'Habeas Corpus anglais, toute arrestation arbitraire serait dorénavant abolie.

Indignée, la régente fit arrêter le principal agent de la rébellion, Pierre Broussel. Mais Broussel était très populaire et dès que la nouvelle de son arrestation fut connue des Parisiens, ceux-ci se soulevèrent en érigeant des barricades dès le 26 août 1648.

Barricades de 1648

Face à l'ampleur que prit le mouvement, Anne d'Autriche fut contrainte de céder et fit remettre Broussel en liberté et approuva la suppression des intendants. Mais elle ne s'avouait pas vaincue. Quelques mois plus tard, elle prépara sa fuite avec Mazarin, résolue à mettre en sûreté le jeune roi, son fils, au château de Saint-Germain en janvier 1649.

Dans la foulée, elle ordonna au prince de Condé de bloquer Paris avec ses troupes.

A nouveau, la France sombrait dans les heures sombres de la guerre civile. Elle devait durer quatre ans, de 1649 à 1652.

  • La Fronde

Ou plutôt "les" Frondes car c'est un conjonction de deux phénomènes qui ont plongé la France dans le trouble et le chaos pendant quatre années.

  1. Il y eut d'abord une fronde parlementaire, au cours de laquelle Paris fut assiégée pendant trois mois. La populace soutint le siège trois mois durant mais elle profita des circonstances pour vociférer et piller les boutiques, histoire d'améliorer son ordinaire. Aussi, très vite, les élites parisiennes  se lassèrent d'un blocus imposé et qui rendait le ravitaillement très difficile. Du reste, lorsque la menace d'une intervention espagnole se fit jour, les magistrats se décidèrent à traiter avec la régente au mois de mars 1649.
  2. Alors commença la fronde des princes : à peine le prince de Condé eût-il maté la révoltePaul de Gondi parisienne, qu'il se montra menaçant à son tour. En fait, il convoitait la place qu'occupait le cardinal Mazarin. Anne d'Autriche ne plia pas et le fit enfermer. Aussitôt, ses amis prirent les armes pour le délivrer en appelant les Espagnols à leur aide. Paul de Gondi, alors jeune ecclésiastique, ambitionnant lui aussi la charge des affaires publiques, entraînait de nouveau Paris et le Parlement dans une révolte ouverte en s'alliant aux forces du prince de Condé, en février 1651.

Ce fut l'union des deux frondes.

Pendant deux ans, la France fut plongée dans l'anarchie. Toutefois, cette révolution avortée coupa court. En effet, dans les rangs des insurgés, il y avait un manque flagrant de cohérence : vieux seigneurs et parlementaires se jalousaient et se méprisaient mutuellement. Parmi le peuple, beaucoup s'indignaient de voir des nobles faire appel à des étrangers. Enfin, pillages, vandalismes, disettes et épidémies entraînèrent une grande mortalité. Au coursde cette guerre, la propre cousine du Roi fut impliquée : celle que l'on nommait la Grande Mademoiselle, Mademoiselle de Montpensier, fille de Gaston d'Orléans, n'hésita pas à faire tirer le canon sur l'armée royale depuis les tours de la Bastille et à faire entrer les troupes de Condé dans Paris.

Grande Mademoiselle tire au canon

Les Parisiens, vite lassés et excédés par les brutalités des soudards de Condé, finirent par les chasser eux-mêmes et Condé fut forcé de s'enfuir et d'aller trouver un refuge sûr aux Pays-Bas. 

Il était temps de mettre fin à cette guerre. Les magistrats prirent sur eux et vinrent supplier le Roi de rentrer à Paris.

Quelques mois plus tard, Louis XIV et Mazarin rentraient à Paris sous les ovations de la foule, comme si ces quatre années de guerre civile n'avaient jamais existé...

  • L'échec de la Fronde et le triomphe de l'absolutisme

La Fronde ne fut rien de moins qu'une révolution avortée. Son échec assura même le triompe de l'absolutisme.

Lassés ce toute cette agitation stérile et incohérente, les Français n'aspiraient plus qu'à une chose : la paix et le repos. Et pour cela, ils étaient prêts à acheter cette tranquillité fusse au prix de nombreuses libertés.

Jamais, à partir de 1653, le pouvoir du cardinal Mazarin fut-il plus grand. Même le Roi, pourtant majeur depuis 1651, lui abandonnait tout pouvoir.

Mazarin composa alors un gouvernement fait d'hommes de valeur : ainsi Nicolas Fouquet fut nommé à la surintendance des Finances, Le Tellier prit en charge le secrétariat d'Etat à la Guerre et l'habile Hugues de Lionne prit les rênes des Affaires étrangères.

Un traité de paix fut conclu avec l'Espagne en 1659 et la France récupéra l'Artois et le Roussillon.

Les intendants furent rétablis et Mazarin ne s'oublia pas dans cette histoire : non content de tripler ses revenus, il maria ses cinq nièces aux plus grands héritiers du royaume.

Jusqu'en 1661, année de sa mort, Mazarin fut le maître absolu de la France.

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