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La Galerie de l'Histoire
21 avril 2017

L'assassinat du duc de Berry et ses conséquences

Assassinat du duc de Berry 13 février 1820

Le dimanche gras, 13 février 1820, vers dix heures du soir, le duc de Berry, héritier du trône de France et neveu de Louis XVIII, se trouvant à l'Opéra, venait de reconduire à sa voiture son épouse quelque peu souffrante, lorsqu'un passant lui enfonça une longue tige de fer sous le sein droit.

Aussitôt transporté dans une salle de l'Opéra, le duc expira à cinq heures du matin, après avoir encore demandé, à la dernière minute, la grâce pour son assassin, un ouvrier-sellier nommé Louis-Pierre Louvel. Ce dernier, un fanatique, avait frappé le duc de Berry pour, disait-il, "anéantir en lui la race des Bourbons".

La duchesse de Berry mettait au monde, le 29 septembre 1820, un fils qui reçut le titre de duc de Bordeaux et qui prendra plus tard celui de comte de Chambord.

Le crime de Louvel n'eut d'autre conséquence que de préparer le retour de l'extrême-droite royaliste au pouvoir. Et les Ultras ne se privèrent pas, dans leur propagande, de rappeler partout que le poignard qui avait frappé le duc de Berry était "une idée libérale". L'un d'entre eux, le député Clausel de Coussergues, proposa, au lendemain de l'attentat, la mise en accusation du premier ministre Elie Decazes comme complice. Le propre frère du roi, le comte d'Artois, chef de file des Ultras, supplia Louis XVIII de renvoyer Decazes. Mais le roi refusa : "Sa politique est mienne", disait-il. Pour apaiser la situation, toutefois, Decazes offrit sa démission et Louis XVIII ne l'acceptât qu'à contre-coeur. Il le nomma duc de Glücksberg et lui donna l'ambassade de France à Londres.

Jusqu'à la fin du règne de Louis XVIII, les successeurs d'Elie Decazes : le duc de Richelieu, puis Villèle, se bornèrent à déconstruire l'oeuvre libérale entreprise les années précédentes.

Richelieu, qui remplaça directement Decazes, fit tout d'abord modifier la loi sur la presse en rétablissant la censure (31 mars 1820). Puis il fit adopter la loi électorale dite du "double-vote" (30 juin) dont le vote à la Chambre ne fut d'ailleurs pas obtenu sans peine : il y eut même dans Paris des commencements d'émeute. Les débats se prolongèrent pendant un mois. Le principe du "double-vote" fut combattu avec fougue par trois députés libéraux : deux avocats (Royer-Collard et Jacques-Antoine Manuel) et un officier militaire, le général Foy. Il ne passa finalement qu'à cinq voix de majorité.

Cette loi, qui faisait élire deux cinquièmes des députés (172 sur 400) par près de 13 000 grands propriétaires, donna tout ce qu'en espéraient ses auteurs : en trois ans, les libéraux furent presque complètement balayés de la Chambre.

Mais le duc de Richelieu ne voulut pas pousser le processus réactionnaire plus loin. Les Ultras, rassemblés autour du comte d'Artois, ne l'entendaient toutefois pas ainsi. Miné par ces derniers, ne trouvant plus de soutien dans un roi malade et dont les facultés physiques déclinaient de jour en jour, Richelieu remit sa démission le 12 décembre 1821.

Comte de Villèle

Il fut aussitôt remplacé par un Ultra, le comte Joseph de Villèle, ancien député-maire de Toulouse. Son ministère devait durer sept ans, du 14 décembre 1821 au 4 janvier 1828.

Villèle fit immédiatement voter deux nouvelles lois répressives contre la presse :

  1. la première rendait le jugement des délits de presse aux tribunaux correctionnels (6 février 1822)
  2. la seconde créait le délit d'opinion, qui permettait aux autorités de suspendre, voire de supprimer, tout journal dont le contenu était considéré comme subversif.

Le gouvernement pouvait ainsi, selon le mot du député d'opposition Royer-Collard, "atteindre comme dangereux ce qu'il ne pouvait poursuivre comme coupable".

Quatre Sergents de La Rochelle

Ce fut sous cette période que se formèrent des sociétés secrètes et où, par elles, furent organisées des complots terroristes dont le but était le renversement des Bourbons : à Saumur (décembre 1821), à Belfort (janvier 1822), à Thouars (février 1822) ou avec le général Berton à Nantes, etc. tous déjoués, ils entraînèrent des condamnations à mort et des exécutions, notamment celles des quatre sergents de La Rochelle, le 2 septembre 1822. 

  • La guerre d'Espagne

Les Ultras de nouveau au pouvoir voulaient faire de la France le gendarme de la Sainte-Alliance. Au congrès de Vérone, en décembre 1822, le duc Charles de Montmorency, ministre des Affaires étrangères, et Chateaubriand, qui devait lui succéder, revendiquèrent et obtinrent pur la France, la mission de rétablir l'ordre en Espagne.

Expulsion du député Manuel en 1822

A la Chambre, lors des débats autour d'un projet de loi autorisant un emprunt de 100 millions pour faire face aux dépenses occasionnées par cette expédition militaire, les échanges entre députés furent violents et houleux. Jacques-Antoine Manuel, combattant le projet, fit remarquer qu'intervenir en faveur de Ferdinand VII risquait de provoquer en Espagne la même révolte populaire qu'avait provoquée en France l'intervention des troupes étrangères en 1792. Les députés Ultras se levèrent de leurs bancs avec fureur, accusant Manuel de faire l'apologie du régicide ; Manuel fut expulsé de la Chambre par des gendarmes. En protestation, ses collègues libéraux, une soixantaine en tout, quittèrent la salle des séances et n'y reparurent plus de toute la session (26 février-2 mars 1822).

Le facile succès du duc d'Angoulême en Espagne encouragea les Ultras à tenter une sorte de coup d'Etat à l'intérieur :

Le 24 décembre 1823, Villèle fit dissoudre la Chambre et l'on procéda à de nouvelles élections. Les préfets furent invités, sous menace de révocation, à faire voter les électeurs pour les "bons" candidats favorables au gouvernement. En même temps, on dégrevait les électeurs libéraux d'une partie de leurs contributions, de façon qu'ils n'eussent plus le cens exigé par la loi pour pouvoir voter ou être éligibles.

Grâce à ces manoeuvres, sur 430 députés, 10 seulement furent des libéraux. "La Chambre introuvable était retrouvée", selon le mot attribué à Louis XVIII.

Cette Chambre "retrouvée" vota aussitôt une loi supprimant les renouvellements partiels (16 juin 1824) : ainsi le gouvernement ne serait plus exposé à ce qu'une Chambre, si pleinement selon ses voeux, pût être modifiée pour quelques revirement de l'opinion, venant à manifester dans les élections annuelle de nouvelles volontés.

Louis XVIII, malade, usé, s'éteignit le 16 septembre 1824.

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