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La Galerie de l'Histoire
28 mars 2017

La République aux républicains (1879-1885)

Jules Ferry

A partir de 1879, les républicains pratiquèrent à l'intérieur une politique d'action anticléricale et au-dehors une politique d'expansion coloniale.

Un homme incarne, pour ainsi dire, cette double politique : Jules Ferry qui fut, presque constamment, ministre durant six ans (de 1879 à 1885) et deux fois chef du gouvernement. Ce fut lui qui, du moins partiellement, révisa les lois constitutionnelles de 1875 dans un sens plus démocratique et qui fit voter les fameuses lois scolaires de 1881 organisant l'instruction obligatoire et rendit à la presse sa pleine liberté de parole.

Concernant l'anticléricalisme des républicains, ce fut là une conséquence de la crise du 16 mai 1877 et de l'appui affiché qu'avait apporté le clergé aux adversaires de la République tout le temps que les conservateurs avaient été au pouvoir. Ce fut clairement une politique de représailles, mais qui avait aussi ses raisons politiques, résumées en ces termes par Jules Ferry lui-même : "Il s'agit de défendre les droits de l'Etat contre un certain catholicisme qui n'est point le catholicisme religieux et que j'appellerai le catholicisme politique. Ne diminuer en rien ni le patrimoine financier, ni le patrimoine spirituel de l'Eglise, seulement être maîtres chez nous."

  • La politique anticléricale des républicains

Elle se traduisit par deux sortes de mesures :

  1. les unes relatives à l'enseignement
  2. les autres dirigées contre une partie du clergé régulier et les congrégations

Les mesures relatives à l'enseignement eurent pour objet de retirer à l'enseignement libre, une partie des privilèges que lui assuraient, depuis 1850, la loi Falloux, ainsi qu'une loi plus récente de l'Assemblée nationale relative à l'organisation de l'enseignement supérieur libre (22 juillet 1875).

Jules Ferry présenta un projet de loi qui, laissant subsister les Facultés libres, leur retirait la collation des grades universitaires. Le dernier article du projet - l'article 7 - emprunté aux ordonnances de Charles X en 1828, interdisait aux Jésuites et aux congrégations non autorisées d'enseigner. Toute liberté d'enseigner, en revanche, était laissée aux curés et aux congrégations autorisées, comme les Frères de la Doctrine Chrétiene.

Mais les passions politiques vinrent se greffer et dénaturer le caractère de l'article.

L'extrême-gauche républicaine, pour qui l'anticléricalisme était l'anticatholicisme, cet article 7 devait servir de préface à une interdiction générale d'enseigner pour tous les ecclésiastiques. Et d'autre part, les ultra-conservateurs monarchistes dénoncèrent cet article pour les raisons que l'on imagine. Les deux camps soulevèrent ainsi dans le pays une violente agitation.

L'article 7 fut voté à la Chambre mais rejeté par le Sénat.

Expulsion des Jésuites

Alors le gouvernement, en vertu des lois existantes, prononça par décret (29 mars 1880) la dissolution de la Compagnie de Jésus en France et fit expulser les Jésuites de leurs établissements. La même mesureradicale fut appliquée, quelques mois après, aux congrégations qui refusaient de faire les démarches nécessaires pour être autorisées à enseigner.

D'autre part, plusieurs lois consacrées à l'organisation de instruction publique (1880-1882) instituèrent un enseignement primaire et secondaire laïque à la fois pour les garçons et aussi pour les filles, réalisèrent la gratuité de l'enseignement public et posèrent sa neutralité confessionnelle comme un fondement majeur. Pour l'enseignement primaire, il était exigé des instituteurs congréganistes des écoles libres les mêmes brevets de capacité que ceux exigés pour les insituteurs laïques dans les écoles publiques.

  • La politique coloniale

Elle fut à la fois inspirée par des raisons économiques et par des considérations géopolitiques.

Vers 1880, dans toute l'Europe, s'amorçait un mouvement protectionniste. Pour assurer le développement de leurs industries nationales, les Etats interdirent l'accès de leurs marchés intérieurs aux produits étrangers en établissant des droits de douane très élevés. C'était comme si l'Europe se fermait à l'Europe.

En outre, de nouveaux rivaux commerciaux surgissaient sur le globe, notamment les Allemands et les Américains. Il était donc nécessaire de s'assurer pour l'avenir de nouveaux marchés et d'agir sans retard sous peine d'être devancés partout par des concurrents obligés à la même prévoyance.

D'autre part, depuis 1871, la France, repliée sur elle-même, s'était, par nécessité, pendant dix ans, abstenue de toute action politique en dehors de ses frontières. Mais, les ruines réparées, l'armée refaite, "la politique de recueillement" risquait, selon les propos de Jules Ferry, chef du gouvernement, de virer à "la politique du pot-au-feu" et de conduire au "grand chemin de la décadence".

La politique coloniale devait donner à la France confiance en elle-même dans ses forces reconstituées et témoigner, aux yeux de tous, qu'elle entendait, comme par le passé, exercer sa légitime part d'influence dans le monde.

Empire colonial français

Grâce à Jules Ferry, entre 1881 et 1885, la France étendit son empire colonial en Tunisie, en Indochine et au Tonkin et amorça la conquête du Soudan, du Congo et du Mali.

Toutefois, cette politique coloniale ne fit pas l'unanimité à la Chambre, loin s'en faut et fut combattue avec presque autant d'ardeur à la fois par les ultra-conservateurs que par l'extrême-gauche. Elle fut dénoncée comme dangereuse pour la Défense nationale et comme conseillée par Bismarck, désireux de mettre la France hors d'agir en Europe.

On ameuta de la sorte l'opinion publique contre Jules Ferry, qui, devenu prodigieusement impopulaire, fut renversé lors de l'incident de Lang-Son (30 mars 1885).

Cette politique coloniale aggrava, mais ne créa pas, de divisions au sein du parti républicain.

 

 

 

 

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