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La Galerie de l'Histoire
27 mars 2017

La fin de la monarchie absolue et la chute de l'Ancien Régime

Etats-Généraux 1789

Les Etats généraux se réunirent en grande pompe à Versailles, le 5 mai 1789. Louis XVI, avec Marie-Antoinette à ses côtés, fit en personne l'ouverture de la session dans la salle des Menus-Plaisirs, que l'on désigna sous le nom de salle des trois ordres.

La Cour garnissait les tribunes, les ordres privilégiés siègeant sur les bas côtés et le tiers-état dans le fond, assis sur des sièges inférieurs. Les députés des "communes" - tels qu'ils s'appelaient entre eux - se couvrirent comme les autres ordres, malgré l'usage établi.

Le roi, dans son son discours inaugural, invita les représentants à se préoccuper sérieusement, mais sans précipitation immédiate, de la situation générale du royaume et en premier lieu de l'état des finances. "Tout ce qu'on peut attendre du plus tendre intérêt du bonheur public, dit-il, tout ce qu'on peut demander à un souverain, le premier ami de ses peuples, vous devez l'espérer de mes sentiments."

Le garde des Sceaux, Charles de Paule de Barantin, prononça un discours assez vague où il promettait cependant l'égalité de tous devant l'impôt. Necker, enfin, lut un trop long mémoire où il avoua un déficit de 86 millions de livres mais sans évoquer les 260 millions d'anticipations. Il convia ensuite les députés à indiquer au souverain les éléments d'une réforme plus ou moins étendue des institutions publiques. Mais alors que les Etats ne demandaient encore qu'à être dirigés, il s'était présenté devant eux après avoir modifié, selon la volonté de la Cour, sa première rédaction, inspirée de la déclaration de Vizille du 27 décembre 1788.

  • Les députés du tiers-état se constituent en Assemblée nationale (17 juin 1789)

Le gouvernement ne prenant aucune initiative, la désunion se mit immédiatement dans les Etats sur la question de savoir si les votes devaient avoir lieu par ordre ou par tête. La question fut soulevée à l'occasion de la vérification des pouvoirs. Le tiers et les députés du bas-clergé demandaient que la vérification se fit en commun. La noblesse et le haut-clergé, que chaque ordre examinât séparément les pouvoirs de ses membres.

Mirabeau proposa de demander à "Messieurs du clergé" s'ils voulaient ou non se joindre au tiers-état et le député Target, à la tête d'une délégation, vint les y engager "au nom de Dieu de paix et dans l'intérêt de la nation".

Sur la demande du roi, des réunions de concilation entre les trois ordres furent tenues mais n'obtinrent aucun résultat. Enfin, le 10 juin, l'abbé Siéyès proposa d'inviter "les deux ordres, tant individuellement que collectivement, à se réunir au tiers pour assister, concevoir et se soumettre à la vérification commune des pouvoirs."

Sa motion fut adoptée. En conséquence, l'appel des bailliages commença sous la présidence provisoire de Sylvain Bailly. La noblesse et le haut clergé, par une sorte d'orgueil puéril, ne se rendirent pas à la convocation. Mais dès le 13,  trois curés du Poitou, parmi lesquels l'abbé Jallet, remirent leurs pouvoirs et leur exemple fut suivi par un certain nombre de membres du bas-clergé.

La vérification sur suivie d'une mesure plus significative encore.

Après une longue et orageuse délibération qui se prolongea, dans la nuit du 16 au 17 juin, les députés du tiers, estimant qu'ils représentaient les "quatre-vingt seizièmes" de la nation, déclarèrent, à la majorité absolue de 491 voix contre 90, se constituer en Assemblée nationale

L'abbé Siéyès fut chargé de motiver cette résolution.

  • Le Serment du Jeu de Paume (20 juin 1789)

Le premier acte de l'Assemblée nationale fut de déclarer que les impôts, bien que n'ayant point été consentis par les représentants, continueraient à être levés et de mettre la dette publique "sous la garde de l'honneur et de la loyauté de la nation française".

Cette attitude détermina le clergé à se réunir au tiers, malgré l'opposition de l'abbé Maury. 

Une séance royale fut annoncée pour le 22 juin. Mais, dès le 20 juin, la salle des Etats fut fermée et gardée militairement. Sur la proposition de Guillotin, les députés décidèrent de tenir leur séance au Jeu de Paume. On y courut, on offrit un fauteuil au président Bailly, qui le refusa et Mounier, député du Dauphiné, proposa à ses collègues de se "lier au salut et aux intérêts de la patrie par un serment solennel".

Serment du jeu de paume

Alors le président, debout sur une table, lut la résolution suivante :

"L'Assemblée nationale, considérant qu'appelée à fixer la Constitution du royaume, opérer la régénération de l'ordre public et maintenir les vrais principes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu'elle continue ses délibérations dans quelque lieu qu'elle soit formée de s'établir et qu'enfin partout où ses membres sont réunis, là est l'Assemblée nationale ; arrête que tous les membres de cette Assemblée prêteront à l'instant le sentiment solennel de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l'exigeront jusqu'à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements soldes."

Bailly demanda, en tant que président, l'honneur de prêter serment le premier :

"Nous jurons, dit-il d'une voix ferme, de ne jamais nous séparer de l'Assemblée nationale et de nous réunir partout où les circonstances l'exigeront jusqu'à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides."

Les bras se tendirent vers Bailly, des applaudissements éclatèrent et les députés s'approchèrent tour à tour du bureau pour donner leur signature.

  • Séance royale du 23 juin 1789

Le lendemain, la salle du Jeu de Paume fut fermée à son tour, le comte d'Artois l'ayant fait retenir pour y jouer. Mais la majorité du clergé s'étant jointe au tiers, les délibérations continuèrent dans l'église Saint-Louis (21 juin 1789).

 

La séance royale, qui était d'abord fixée au 22, s'ouvrit le 23. Louis XVI y parut entouré d'un imposant

appareil militaire ; les ministres étaient à leur poste, mais un seul siège était vacant : celui de Necker.

"J'ordonne, déclara le roi, que la distinction des trois ordres de l'Etat soit conservée en son entier. Les députés formant trois chambres, délibérant par ordre et pouvant, avec l'approbation seule du souverain, délibérer en commun, peuvent seuls être considérés comme formant le corps des représentants de la nation. En conséquence, je déclare nulles les délibérations prises par le tiers état, comme illégales et inconstitutionnelles."

Puis le roi proposa aux Etats de délibérer sur le consentement des impôts par les représentants de la nation, sur la publicité des recettes et des dépenses, l'abolition des privilèges en matière fiscale, la liberté individuelle, de la presse, l'établissement d'Etats provinciaux, l'abolition de la corvée, des douanes intérieures, etc. Et d'ajouter : "Je puis dire, sans me faire illusion, que jamais aucun roi n'en a fait autant pour son royaume. Secondez-moi donc dans cette belle entreprise, sinon je ferai seul le bonheur de mes peuples."

Après quoi, Louis XIV ordonna aux trois ordres de se séparer immédiatement et de se réunir le lendemain dans leurs salles respectives pour y reprendre leurs délibérations.

Séance royale du 23 juin 1789

La noblesse et le clergé, à l'exception de quelques curés, obéirent aux injonctions du roi. Les députés du tiers se tinrent immobiles et silencieux. Le grand-maître des cérémonies, le marquis de Dreux-Brézé, voyant qu'ils ne bougeaient pas, s'adressa à eux : "Vous connaissez, messieurs, leur dit-il, les intentions de Sa Majesté."

- Oui, monsieur, lui répondit Mirabeau, nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées au roi, et vous, qui ne sauriez être que son organe auprès des Etats généraux, vous qui n'avez ici ni place ni voix, vous n'avez nul droit de nous rappeler son discours. Je déclare que, si l'on vous a chargé de nous faire sortir d'ici, vous devez demander des ordres pour employer la force, car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes."

"Nous sommes aujourd'hui, ajouta Siéyès, ce que nous étions hier : délibérons."

On recueillit les voix et l'Assemblée maintint toutes les résolutions énoncées par le roi. 

  • Réunion des trois ordres.

Le lendemain de la séance royale (24 juin 1789), 46 députés de la noblesse, conduits par le duc d'Orléans, vinrent se joindre à l'Assemblée nationale. Comme la majorité de l'ordre résistait encore, le roi, écoutant les conseils de Necker, convoqua leur président, le duc de Luxembourg dans son cabinet : "Je suis déterminé à tous les sacrifices, lui dit-il, et je ne veux pas qu'il périsse un seul homme pour ma querelle. Dites donc à votre ordre que je le prie de se réunir aux deux autres ; si ce n'est pas assez, je le lui ordonne ; comme son Roi, je le veux."

Le 27 juin, le reste des nobles et du clergé se rendirent à l'Assemblée nationale. Ils étaient conduits par le duc de Luxembourg. Celui-ci, prenant la parole au nom de tous, dit qu'ils venaient pour donner au roi une marque de respect et à la nation une preuve de patriotisme.

"La famille est complète", répondit Bailly.

L'Assemblée se partagea dès lors en trente bureaux et dès le 9 juillet, prit le nom d'Assemblée nationale constituante. La Révolution commençait. L'ère de la monarchie absolue venait de s'achever.

 

 

 

 

 

 

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