Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Galerie de l'Histoire
23 mars 2017

Avignon sous les papes

 

AVIGNON - PALAIS DES PAPES

A partir du moment où Clément V y transféra le siège du pouvoir pontifical, en 1309, l'éclat de la Ville éternelle parut avoir passé dans Avignon qui, pendant près de soixante-dix ans, vit s'étaler entre ses murs, au milieu d'une chrétienté appauvrie et ravagée, les splendeurs d'une cour dont la pompe et la majesté n'étaient égalées par le luxe d'aucune autre à cette époque.

Si l'on s'en tient au seul témoignage de Pétrarque, Avignon aurait été, au XIVe siècle, "l'enfer des vivants, la sentine la plus profonde des vices, un grand opprobre, la plus grande puanteur de l'univers", bref, une ville où il n'y aurait eu "rien de vrai, rien de serein, aucune crainte de Dieu, aucun respect de la parole donnée, aucune religion." Mais il ne faut pas oublier que Pétrarque ne s'est jamais consolé de voir Rome délaissée par les papes et l'expression lyrique de son patriotisme blessé ne doit pas être prise à la lettre. Toutefois, le respect de la vérité oblige à reconnaître que, pendant leur séjour sur les rives du Rhône, les papes se laissèrent terriblement envahir par l'esprit mondain à tel point que leur cour donna de trop nombreux exemples d'actes d'arbitraire, d'égoïsme et de népotisme.

Pour faire face à leurs dépenses, utiles ou somptuaires, les papes d'Avignon se trouvèrent engagés dans une politique d'expédients assez impopulaire. Les revenus moyens du Saint-Siège variaient entre 200 000 et 300 000 florins par jour - ce qui, ramené au cours de notre monnaie actuelle, équivalaient à 2 ou 3 milliards d'euros.

Le trésor pontifical était alimenté par des décimes extraordinaires (annales, réserves, expectatives) sans parler des frais de justice perçus à l'occasion des appels et dont les cas avaient été multipliés. 

Le clergé de France, déjà soumis au droit de régale, eut par ailleurs beaucoup à souffrir de cette politique financière.

En un temps où l'argent se faisait rare, où les prix des denrées augmentait chaque jour, où la plupart des bénéfices, ruinés, dévastés ou détruits par les Grandes Compagnies, ne produisaient plus aucun revenu, les impôts pontificaux - surtout les annales - amenaient fatalement la misère. Aussi, il était logique que des résistances et des protestations se produisirent.

De leur côté, les rois de France, navré de voir passer l'or de leur pays dans les caisses pontificales, joignaient leurs protestations à celles du clergé et à celles du peuple.

L'Eglise ne sut pas réagir assez énergiquement contre ces abus, qui, fatalement, contribuèrent à la formation de cet esprit de réforme qui, plus tard, devait bouleverser la chrétienté.

Mais c'est pourtant au séjour des papes qu'Avignon doit ses principaux édifices : le Palais, bien sur, grandiose forteresse élevée sur le rocher des Doms; ses remparts, avec leurs 33 tours rondes ou carrées; ses monastères, églises, clochers, si nombreux que le poète Rabelais l'appelait la ville sonnante et aussi ses vieilles maisons aux toits plats, disposées le long de ruelles étroites couvertes de larges toiles pour amortir la chaleur du jour et qui donnaient à cette cité "une physionomie presque ombrienne", selon le mot d'André Hallays.

 

Avignon - la ville

 

Le Palais des Papes, près duquel s'élève l'église Notre-Dame-des-Doms, occupe une superficie de 15 000 m² et se compose de sept corps de logis séparés par des préaux et reliés ensemble par sept énormes tours. "Le temps a donné à ces pierres si bien jointes, d'un si beau poli, une teinte uniforme de feuille sèche qui en augmente encore la beauté", a écrit Stendhal.

Son aménagement présentait, au XIVe siècle, un mélange singulier de luxe et de simplicité; des fresques dues à Matteo di Giovanetto, un artiste originaire de Viterbe et des tapisseries précieuses ornaient les murs. La plus somptueuse des argenteries garnissait les bahuts et les crédences, mais de simples nattes servaient généralement de tapis et aux fenêtres, sauf dans les chapelles, des toiles enduites de cire tenaient lieu de vitres.

Le mobilier religieux et les ornements sacrés étaient au contraire d'une magnificence inouïe. Avignon ne se prêtait pas, comme Rome, aux grandioses créations de l'art et c'est dans l'orfèvrerie, l'émaillerie, la broderie qu'éclatait le luxe de ces papes français. Il se manifesta aussi dans les fêtes et les banquets.

En 1388, Clément V donna à ses hôtes un grand banquet dont le menu comprenait 27 entrées, dont une pièce montée, composée d'un cerf, d'un sanglier, de chevreuils, de lièvres et de lapins, des arbres couverts de fruits confits, une fontaines d'où coulaient des flots de vin fin. Quatre chevaliers et 72 écuyers faisaient le service.

 

 

Publicité
Commentaires
La Galerie de l'Histoire
Publicité
Archives
Publicité