La prise de Grenade (1492)

Le royaume de Grenade était tout ce qui subsistait de la domination des musulmans sur l'Espagne depuis trois siècles; il comprenait encore une quarantaine de villes, de nombreuses forteresses et une multitude de bourgs défendus par des châteaux.

Au coeur de ce pays, il y avait la belle cité de Grenade qui s'étalait sur deux collines séparées par le vallon du Douro, au pied de la Sierra Nevada. L'une de ces collines portait le palais du roi, l'Alhambra, qui pouvait abriter jusqu'à 40 000 hommes derrière ses retranchements.

La terre était si belle, l'air si doux et le ciel si brillant, que les Maures avaient fait de Grenade l'incarnation du paradis terrestre. Mais ce paradis était la proie de basses querelles intestines. En effet, le roi Mulay-Hassan avait deux fils, Boabdil et Zagal, qui se disputaient le pouvoir.

Les chrétiens, profitant de cette lutte fratricide, s'emparèrent de la plupart des villes du royaume et vinrent assiéger Grenade.

Le siège dura près de neuf mois, au cours duquel on tenta de poignarder Ferdinand et Isabelle, les "Rois Catholiques" et de mettre le feu à leurs campements,

Abandonné par ses correligionnaires venus d'Afrique, Boabdil dut signer une capitulation par laquelle les musulmans étaient assurés de conserver leurs biens, leurs coutumes et le libre exercice de leur religion. Boabdil, en abandonnant son trône, obtenait un riche domaine au coeur des Alpujarras.

Parvenu au sommet du mont Padul, celui qui fut le dernier roi de Grenade se retourna pour contempler une dernière fois son cher palais de l'Alhambra et se rappelant ses souvenirs délicieux au creux de ces murs de marbre colorés, il fondit en larmes.

Sa mère, Aïcha, qui était à ses côtés lui dit : "Pleure, mon fils, pleure comme une femme ce royaume que tu n'as pas su défendre comme un homme..."